Le "Lestr an Anaon, le navire des âmes, hante la côte bretonne. Quiconque l'aperçoit apprend sa mort prochaine. Au large de l'île d'Arz, vogue un trois-mâts infernal composé d'un équipage de damnés: marins maudits ou lâches en mer, pilleurs de bateaux et de marchandises, naufrageurs, pendus à bord...
Des démons sous l'aspect de chiens gigantesques les harcèlent et les incitent à aborder tout bâtiment croisant au large.
Seul demeure dans l'air l'appel strident des conques marines qui assurent le commandement sur cette nef fantôme. Ce son lugubre prévient indirectement les autres bateaux de s'éloigner au plus vite.
Le Navire Errant bat, lui aussi, pavillon fantôme et ténébreux. Le Capitaine Noir, un malouin, le dirige avec son équipage de pirates composé de mort-vivants. Ce brik de deux cent tonneaux surgit de la mer et s'y engouffre aussitôt. Sa malédiction est due à une pierre merveilleuse trouvée sur les rochers par un matelot du navire français qu'il combattait. Lancée sur le pont du vaisseau pirate, elle le coula sous le poids d'une terrible pression. Signe de malheur pour tous les marins, le Navire Errant traque sans fin tous les bateaux qui croisent sa route pour retrouver le matelot responsable de leurs tourments. D'autres vaisseaux fantômes sévissent encore: à Erquy, aux grandes marrées, la corvette française La Salamandre hante le rivage. Elle cherche toujours à fuir la frégate anglaise qui la coula en 1850. Fracassé sur les écueils de l'île Lern, un navire corsaire hollandais, disapru depuis deux siècles, fait résonner les soirs de tempête ses clairons et ses tambours.